Mon grand amour / SPECTACLE

—Nous sommes dans un appartement.
Plusieurs histoires se déroulent sous nos yeux : nous sommes simultanément face à un couple qui se sépare et face à un jeune homme qui attend un grand amour.
À la radio une chanson tourne en boucle. La femme, qui parle vietnamien, la connait par cœur. Dans la douche, le jeune homme se prépare. Il se met en costume. C’est un grand jour pour lui. Ce qui relie ces deux histoires nous ne le savons pas. Mais ces trois êtres là sont liés. Malgré eux, malgré tout.

Et si nous portions plus que nos propres blessures ?
Mon grand Amour, c’est avant tout une immersion. Une immersion dans la vie d’un appartement. On vous demandera d’entrer et de vous installer en silence dans un coin de ses histoires. D’être parmi les fantômes qui peuplent une vie et traversent nos minutes, nos douleurs et nos peines. Sans un bruit.


Three stories unfold, on the same day, at the same time «Mon Grand Amour is a play performed in a flat.
Three stories unfold, on the same day, at the same time.
Each in the same flat, but also in three different cities.
Paris,
Brussels,
And the host city where the performance takes place.

Écriture Caroline Guiela Nguyen avec l’ensemble de l’équipe artistique
Avec Luc Bataïni, Alexandre Michel en alternance avec Dan Artus, My Chau Nguyen thi et un comédien amateur
Mise en scène, espace et lumières Caroline Guiela Nguyen
Création sonore Antoine Richard
Conseil dramaturgique Jérémie Scheidler
Costumes Caroline Guiela Nguyen et Dominique Fournier

Photos Jean-Louis Fernandez

Tournée 19/20
04 et 05 octobre — La Comédie, CDN de Reims
Du 19 au 22 mars—FIND, Schaubühne, Berlin

TROIS HISTOIRES SIMULTANÉES, DANS UN MÊME APPARTEMENT

Mon Grand Amour est une pièce en appartement.
Nous suivons trois histoires. Le même jour, la même heure.
Dans un même appartement mais dans trois villes différentes.
Paris
Bruxelles
Et la ville où nous jouons.
À Paris, un policier réalise sa mise à pied, expulsé d’une vie consacrée à son travail.
À Bruxelles, nous suivons les derniers instants d’un couple qui se sépare. C’est elle qui part. C’est elle qui expliquera en vietnamien à sa tante qu’elle ne peut plus rester. Qu’elle doit abandonner son foyer.
Et la ville où nous jouons. Là, un homme, seul, chargé d’une vie de souvenirs qui n’offre plus rien.
Dans la ville où nous jouons, à chaque fois, l’histoire est inventée. Car il s’agit, ici, de prendre une personne du paysage réel pour l’infiltrer dans notre fiction.
À Valence, le comédien amateur est peintre en bâtiment, pied noir, âgé de 85 ans : Marcel.
À Princeton, il est afro-américain, responsable électricité du campus universitaire, il chante dans une chorale : Kenny.
L’appartement se transforme en un lieu commun à trois blessures, moments de vie où tout bascule, où le monde de chacun ne ressemblera plus jamais à celui qu’il est en train de perdre sous nos yeux.
De façon encore plus radicale, nous mettrons en scène des personnages issus de milieux différents. Nous donnerons à entendre le vietnamien, l’anglais, l’espagnol, le français. Nous serons face à des corps qui diront leur réalité sociale et culturelle.
Et c’est avec ces paysages, dans cet appartement, au plus intime de leurs histoires, au plus infime, que nous chercherons à créer un récit commun pour partager nos larmes.

Caroline Guiela Nguyen, Septembre 2016

Lorsque Caroline Guiela Nguyen était enfant et demandait à sa grand-mère pourquoi il ne fallait pas placer d’argent à côté de la nourriture, cette dernière lui répondait : « Parce que ça attire les fantômes. C’est ainsi, à cause de ma voisine de palier à Saigon, que j’ai entendu pleurer durant deux ans une petite fille qui n’existait plus ».
Aujourd’hui, vous avez franchi la porte de cet appartement.
La télé est allumée. Vous reconnaissez les voix du programme de midi. Deux femmes regardent l’émission. La douche coule, peut-être est-ce une troisième personne, dans une autre pièce. Sur un meuble, comme un petit autel domestique, il y a la photographie d’un homme encadrée de plastique doré, enrubannée de volutes d’encens. L’une des femmes s’approche souvent de ce portrait. Elle replace soigneusement une fleur séchée. À la voir ainsi on se dit que c’est sûrement son grand amour qui est encadré, là… sous sa main.
Mon grand amour est l’histoire d’un lieu.
Un lieu transfiguré par la vie d’un autre lieu, loin, à Saïgon, une ville qui a changé de nom, qui n’existe plus, et qui s’est déplacée jusque là.